L'affaire Tourne Rêve
est une des plus belles popositions dont La Puce ait eû vent.
Elle ne sort pas d'un laboratoire de recherche, les journaux n'en
ont pas parlé.
Il faut dire que l'affaire en question est trop cousue d'intelligence,
de finesse, de réflexion. Elle est le fruit sain d'un travail
commun.
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La " SOUVERAINETE ALIMENTAIRE " est notre affaire
" La souveraineté alimentaire " est un concept
développé par Via Campesina, syndicat paysan international
(auquel est rattaché Uniterre, syndicat paysan suisse,
parmi des centaines d'autres). Le terme a été rendu
public à l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation
en 1996. La " souveraineté alimentaire " considère
le droit à l'alimentation comme un droit fondamental de
la personne. A ce titre, le droit de finir leur politique agricole
et alimentaire, sans dumping vis-àvis des pays tiers, doit
revenir aux populations, à leurs Etats ou Groupement d'Etats.
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Pour une agriculture contractuelle de proximité
Au Nord, il s'agit de recentrer notre agriculture sur son projet
initial qui est de produire des aliments de base pour les habitants
de la région.
Le terme " agriculture de proximité " recouvre
tous les systèmes d'organisation, de production et de distribution
des aliments qui établissent des liens directs entre les
consommateurs et les producteurs. Il s'agit de contrats qui engagent
les uns et les autres d'une manière plus ou moins forte
dans un projet commun.
L'idée de base part de la conviction que l'agriculture
est l'affaire de tous et que la nourriture est l'affaire de chacun.
L'acte d'achat devient un acte citoyen qui reflète le type
d'agriculture que l'on désire.
Par les contrats, les prix ne sont plus fixés en fonction
des fluctuations arbitraires du marché, mais à l'avance,
en fonction des coûts de productions dans chaque région.
L'établissement de contrats introduit un processus de compréhension
et fournit des éléments importants pour un débat
constructif entre producteurs et consommateurs.
Pour garder un lien notre agriculture et notre alimentation, il
est nécessaire d'inventer des systèmes d'approvisionnement
qui privilégient le dialogue direct et constructif entre
paysans et citadins.
Le poids économique toujours plus important de la grande
distribution sur notre alimentation fait fi de ce dialogue ! Ce
secteur impose aux paysans les prix à la production et
décide unilatéralement de ses propres marges. La
grande distribution fait valoir son quasi monopole sur tous les
prix de la chaîne alimentaire.
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Une première expérience réussie en 2003,
" L'huile de l'affaire tourne rêve "
En l'an 2000, à Genève, un groupe de travail s'est
constitué sous le nom de " Groupe souveraineté
alimentaire ", réunissant autour d'une table le chef
du département de l'agriculture, Mr Robert Cramer, les
services compétents, les représentants des organisations
paysannes, des ouvriers agricoles, des consommateurs(trices),
pour discuter sur l'avenir de l'agriculture dans notre canton.
En 2001, dans le cadre de ce groupe de travail, AgriGenève
et les Jardins de Cocagne ont fait une enquête sur la souveraineté
alimentaire auprès des consommateurs(trices) et des paysans(nes)
sur ce sujet. Les résultats ont montré un intérêt
certain pour une agriculture de proximité.
En 2002, le même groupe de travail a publié une brochure
sur l'agriculture contractuelle.
Suite à ces travaux et pour fêter leur 25 ans, les
jardins de Cocagne, en collaboration avec Alexis Corthay, ont
lancé L'Affaire tourne-Rêve. La manifestation contre
la politique néo-libérale de l'OMC, en mars 2003,
a été une occasion pour faire connaître cette
action.
Celle-ci proposait aux citadin(e)s de conclure un contrat direct
avec Alexis Corthay, paysans au Carr d'Aval, afin de cultiver
60 m2 de tournesol pour une somme de 50 francs. En contrepartie,
ces personnes recevaient environ 5 litres d'huile "qui coule
d'un travail mandaté et rémunéré correctement".
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Cette action a permis :
- à environ 700 familles genevoises de découvrir
une huile de tournesol de première qualité cultivée
à Genève et à 400 familles de déguster
les excellentes lentilles de Sézegnin ;
- à Alexis Corthay de cultiver son champs sans produits
de synthèse et en partageant les risques d'une baisse de
rendement ;
- de valoriser une des premières huileries artisanales
de Suisse romande, l'huilerie de Sévery dans le canton
de Vaud ;
- de pratiquer un prix à la consommation très
raisonnable, tout en payant correctement le paysan, l'huilier
et les personnes qui se cghargent de la gestion et de la distribution.
Malgré la sécheresse et des rendements d'extraction
faibles, nous avons pu payer 1,10 francs le kilo de grains de
tournesol ; ce qui correspond au prix des grains certifié
bio au lieu de 0,75 francs payé pour le grain issus de
la production intégrée. Nous n'avons trouvé
aucune autre huile de cette qualité, produite en Suisse,
à un prix aussi avantageux. Tous les éléments
de la composition du prix ont été publiés.
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L'OMC ne reconnaît pas le droit aux divers Etats
de la planète à choisir le mode d'approvisionnement
qui leur conviendrait afin de répondre à l'intérêt
collectif régional ou national ! Son emprise sur la production
forcée dans les pays pauvres, surendettés, ou dans
les pays riches ne laisse aucun doute quant à la dépendance
de chacun d'entre nous vis àvis de la Sainte Loi du Marché.
Les pratiques de dumping(1) permettent de submerger les marché
locaux d'importations de produits agricoles à bas-prix,
au détriment des populations locales qui du coup, doivent
elles-mêmes changer leurs ancestrales méthodes de
productions vivrières pour des monocultures destinées
à l'exportation ; de paysans, les indigènes deviennent
ouvriers agricoles, payé à coups de lance-pierre
quand ils sont payés et n'ayant plus la possibilité
de cultiver pour se nourrir eux-même. Il est intéressant
de constater que, du coup, l'agriculture mondiale n'a plus grand
chose à voir avec l'alimentation ; elle rime plutôt
avec destruction des milieux, asservissent des hommes, des femmes
et des enfants,
cours de la bourse et faim sur Terre !
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Les scandales des productions industrielles de masse (vache folle,
poulet à la dioxine
) et la disparition des fermes
(2000 par an en Suisse !) démontrent que tout projet, basé
uniquement sur le progrès technique et le profit économique,
mais dépourvu de projet politique, social et culturel,
mène à la catastrophe.
La souveraineté alimentaire inclut un commerce international
juste. Elle ne s'oppose pas aux échanges. Elle permet de
garantir aux populations la sécurité alimentaire
tout en échangeant avec d'autres régions des productions
spécifiques qui font la diversité de notre planète.
Dans les pays du Sud, la lutte pour la souveraineté alimentaire
est devenue une question de survie pour les paysans. Cette souveraineté
ne peut etre garantie que par :
_l'accès à la terre (réforme agraire),
_l'accès à l'eau (pas de privatisation),
_l'accès aux semences (non aux OGM et au brevet age du
vivant),
_le contrôle des marchés régionaux par les
producteurs locaux (non au dumping alimentaire des produits importés).
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Si la question ne se pose de façon aussi aigüe
dans les pays du Nord, elle n'en est moins fondamentale. Au
Sud comme au Nord, la souveraineté alimentaire et l'agriculture
de proximité ne peuvent être durables que si les
paysans et les consommateurs se sentent impliqués dans
un projet commun de société.
La souveraineté alimentaire n'est pas un modèle
mais un concept philosophique et politique. Un concept qui demande
d'imaginer des solutions défendues par le gouvernement
et les mouvements sociaux pour que les paysans puissent produire
des aliments qui répondent aux attentes des consommateurs
locaux. Cette idées est en profonde contradiction avec
les concepts purement techniques et économiques du monde
actuel.
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Pour de plus amples informations, vous pouvez
contacter :
L'affaire Tourne-Rêve - Case Postale 245,
1233 Bernex.
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