la Comète en Espagne

Compagnes, compagnons,
Je reçois un courrier des barricades. A Barcelone les nôtres se battent, beaucoup tombent. Certains sont captifs. Dans les geôles franquistes, l’on torture. J’ai dans les mains une des rares lettres qu’un trait de courage et d’astuce à permis de nous faire parvenir. Je souhaite, pour ne jamais oublié vous en faire lecture.

Barcelone, prison La Modelo, janvier 1937.

Querida,
Si tu lis cette lettre, c’est que tu sais ce qui nous sépare !
Ce qui nous sépare c’ est un peu ce qui nous à réuni, et qui continue de nous réunir.

Querida tu m’as tant donné.
Et sans jamais de calcul.

On en est bien incapable, hardis aux élans et aveugles aux répercutions.
A cet instant, au pied du gibet, je te pense doucement, et tu me mouilles les yeux.

Si concéder c’est se rendre ; si rien ne se conquiers que ce que l’on arrache, l’on meurt de n’avoir jamais cesser. L’on meurt ici, comme l’on a vécu partout : tout entier.

Comme tout entières sont les passions vraies
Pour autant, sans le sous et l’estomac creux ; nos cœurs sont plein.

Ils débordent même, de chaque instants volés.
Nos passions ont finis de nous dérober aux absurdes, aux néants, à l’inepte.
Nous vécûmes comme nous mourront : pirates et brigands.

Eux, portent les coups.
Ils assènent leurs morts, de n’avoir pu contraindre nos vies.

Nous vécûmes comme nous mourront : pirates et vivants !

Eux, jugent et procèdent.
Ils condamnent, torturent et exécutent
Nous, sommes de celles et ceux qui libèrent.

Cette fois j’en ai fini…

Je te quitte maintenant, imprescriptible, pour te rejoindre par contumace.
A chacun des espaces, des interstices conquis, sous leurs brutalités, dans leur médiocre, leur vain, nous avons posés nos existences libres. Inaliénables.

Concéder c’est se rendre disais-tu. Je leur concède ma mort pour leur rendre gorge !
N’aie jamais mon amour que des larmes de rires. Soit sans peine soit sans regrets. Nos existences furent comme nos mélodies : impromptues et insaisissables

Même dans nos morts nous leur échapperont.

Existons tant que l’on peut, existons passionnément. Les calculs sont les froids coassements de ces vivants cadavres.
Des cortèges funestes et leurs errements crasses.
Ils sont cernés de leur peurs et violent leurs lâchetés.

Mon amour.
Nos confins sont abolis.
Mon amour.
Je t’aime à jamais
Mon amour,… sur le point de commencer mon plus long rêve de toi :

Je ne te souhaite rien, pour que tu conquiers tout

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