Un conte nihiliste

Spectacle de poésie sonore et projection présenté en 2009, aux jardins ouvriers. Il s’agit d’improvisations “atmosphériques” au piano,  et en arrière plan, extraits de “A propos de Nice” de Jean Vigo!


Une histoire d’Émilie

Emilie nihiliste, s’en va s’en viens
Murmurer aux oreilles de doux petits riens
Aux doutes reptiliens elle assène sans peine
Ses assauts ses colères, émilie psalmodie…

1.

Parce que toujours nous seront
Ces enfants qui courent devant
Parce que jamais les adultes n’ont
Cesse de courir derrière en vain.
Cesse donc ta course chimère !
Aux poursuites de passés-misères.
Papillons suspend ton vol
Regarde toi dedans,
Il n’est ni avant
Il n’est ni arrière
Il n’est toujours que le présent
Et toi qui t’y confronte devant
Écoute tes chants, écoute les vents,
Tempête les errants, agite les cervelles,
Cesse les modèles va l’an avant,
Il n’est ni derrière
Il n’est ni devant
Que toi qui cesse les vides béants
Émilie évade les geôles
Et s’en va fredonnant

..

2.[ainsi, soit triste ]

ainsi, soit triste
de cesser de parler
émilie désespérée
s’enfuit de ne pas partir
que de rester en vie
c’est là un peu mourir :
de petites tragédies
d’amertumes polies
de sa vie c’est le venin
de cesser de parler
ainsi sans lui sans rien
ainsi soit triste
C’est le venin qui la tue …
de la faire vivre.

3.[celui sans qui ]

aux ombres de nos peines.
fleurissent en larmes.
les tentatives vaines.
qui flétrissent sans vacarme.
de chants pensant
dérives allant
émilie chimère
aux rives lisières
un sourire au lèvres
pleure celui sans qui
pourtant, si belle
bousculée aux vents
émilie mystère
déambule cimetière
aux crépuscule des temps.
Aux chants pensants
dérives et poussières
émilie vipère
sème l’oubli misère
aux rives des vivants
aux rives des silences
aux ombres de nos peines
fleurissent en larmes
les tentatives vaines
qui flétrissent sans vacarme.
Emilie sans bruit
pleure celui qu’elle fuit

4.ni leurres, ni vérités

aux crépuscules des mondes vécus
ne voit-on poindre les mondes rêvés
aux idoles des mondes ruinés
aux matins des songes oubliés
l’on s’existe nos vies tentées.
Ni leurres ni vérités
aux lendemains jamais chantés
c’est donc là de ce qui nous est concédé,
les fenêtres closes
les portes murées
ou sont nos aubes abandonnées?
les rêves rêvés aux existences trahies
de redditions, en renoncements
de lâcheté en abandons
les errements d’existants
déjà moribonds :
Où sont dès lors
Nos aubes abandonnées.. ?
5.[aux vents des sursis ]

..

à s’explorer
à voir le pire
à cesser
d’espérer
à pleurer
à trahir
les lieux rêvés
n’y a-t-il de sursit
aux vents interdit
à s’in-exister
à se dépérir
d’avoir osé…
s’aventurer ?

6.[cent lieux ;sans lieu]

à tout réfléchir
aux temps incertains
à tout maudire
il ne reste rien.
…sont lieux de prisons
cent lieux sans passions
sans lieux de raison…
à tout réfléchir
à tout s’interdire
aux néants aveugles
aux abandons béants
aux courages de ne pas partir
…sont lieux de prisons
cent lieux sans passions
sans lieux de raison…
émilie enfin commence de se finir.
(..)

Emilie nihiliste, s’en va s’en viens
Murmurer aux oreilles de doux petits riens
Aux doutes reptiliens elle assène sans peine
Ses assauts ses colères, émilie psalmodie
(..)

7.

Et cède contrie aux colères exigeantes.
les dieux morts , succombent les vases,
et les mondes précipités.
Plutôt que de vivants cadavres,
crèvent les mondes concédés.
L’on ne conquière ni ne construit,
Autrement que sur des ruines.
Tu cherche a posséder parce que tu t’es perdu.
Ton unique cessé, tu ne vis que par licence :
les procurations qu’autrui valide.
Viriliste, paternaliste : la hiérarchie .
le pouvoir, sous toutes ses formes est la pornographie d’un monde en ruines
Du monde en cendre de tes adhésions tacites,
de tes adhésions faciles.
Le patriote est une poubelle.
Le curé un égout.
ET les patrons, les flics qui nous y réduisent.
Émilie s’espère, émilie fantomatique
(..) s’en va s’en viens
Murmurer aux oreilles de doux petits riens
Aux doutes reptiliens elle assène sans peine
Ses assauts ses colères, émilie psalmodie
(..)

[8.Ode aux volatiles I ]

Les yeux or
percent les nuages noirs
Les mots morts
jettent une regard soir
Presse le pas clair
et cesse de croire crasse
aux yeux violons loin
aux jeux violons d’Ingres
Les larmes misère errent
aux visages à crevasses
Tous les discours foins
sont des leurres sereins
qui finissent qui t’effacent

Ainsi,
A vivre déjà mort
tu éteint les tiens
tu cesses les clartés
et tu crève déféqué
Alors tant qu’à faire
mort déjà enterré
Prend ta tête, décérébré
et coupe la net, objet inerte.

[9.Ode aux volatiles II ]

Le volatile mange beaucoup.
Le volatile ne mange pas bien.
Le volatile chie des crottes rondes
Pour que choient les gens honnêtes
Le volatile empiète et cogne,
Dans sa tête geignent deux neurones.
Le volatile écoute ses chefs
boit leurs paroles vante leurs griefs.
…Et cela l’insupporte
d’in-comprendre ses pairs
Le volatile émet des bruits sourds
Pour éviter que l’on perce
l’indigence des propos fourbes
qui d’à propos n’en sont guère.
Un poulet pas sorti du four
Est un poulet indigeste
Un bon poulet est un coq mort
c’est au cimetière qu’il paie ses dettes
(..)

Emilie nihiliste, s’en va s’en viens
Murmurer aux oreilles de doux petits riens
Aux doutes reptiliens elle assène sans peine
Ses assauts ses colères, émilie mélodie…..
(..)

papillons cendrés
les papillons s’en sont allés
d’austères stérilités
des cœurs desséchés
les papillons sont tristes
les vies sont misères
les papillons : cendres-poussières
balayés aux mondes ruinés
sont les lieux des peines
qui n’existent que lorsqu’elles cessent
et la séductions, les corollaires
spectacles délétères
de tristes
puérils
pathétiques
pusillanimes
pitoyables
pantins
emilie le pire
c’est que l’on y retourne souffrir
faut-il que les bonheurs d’amour
soient d’autrui, les malheurs balourds?
faut-il qu’aux existences rêvées
l’on n’aie cesse de s’achever?

. . ? . .
faut-il que ces exils
soient des arrachements criés ?
faut-il que ces exils
soient sans retour espérés?
faut-il que d’espoir
l’on finisse le cœur broyé?
d’abandons en lâchetés
. . . . . . .

les larmes jamais séchées
a s’exiter périr
aux peines de routes errées
le tout si proche du rien
aux néants, à dépérire
à s’exister souffrir
aux bas-fond, les veines coupées
emilie se meurt en vain
cimetières
voir la lumière
et puis cesser
des vies rêvées
et puis cimetières
voir les misères
et y rester
vies délétères
existences délaissées
à oser s’espérer
les larmes chimères

.

alors,
les cris
le sang
.encore
alors
les vies
les vents
de morts
en vivant cadavre, elle erre en peine
aux vies cimetières, émilie désespère
les aubes sont des mensonges
il n’y a que des crépuscules
aux déserts-existences, les souffrances sont les sursis
des ruines, des cendres,
des mondes abolis
de cendres ruiné
les rêves assassinés
A s’errer aux détours des indigences
l’on se perd d’avoir osé
mieux vaut périr que de se rêver
des aubes radieuses, des lendemains chantés
a s’oublier mieux vaut s’endormir
à vivre heureux, à vivre caché
de peines en peines : s’endormir apaisé
émilie dévastée s’endort aliénée.
les passions en peines finissent d’exister
que lorsque misère elles ont cessé

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